Depuis quelques années, la Chine a laissé ses géants de la tech se développer à grande vitesse en faisant preuve d’une grande tolérance à leur égard. C’est à ce moment que Didi Chuxing, service de chauffeurs VTC, a décidé de faire son trou, jusqu’à représenter 90 % du marché dans son pays. 

Didi Chuxing est à l’image des sociétés de la tech chinoises qui ont connu une ascension éclair dans les années 2010. Toutefois, les tensions entre la Chine et Washington ont ralenti l’expansion de ces dernières. Pékin exerce désormais un contrôle renforcé de ses géants du digital dans le but d’éviter les fuites de données vers l’étranger.

Comment Didi Chuxing a-t-elle réussi à s’imposer en un rien de temps dans le pays le plus peuplé du monde ? quelles sont les conséquences du contrôle renforcé du gouvernement chinois ? Comment la société peut-elle faire face à ces restrictions pour rebondir ? Plongez avec nous au cœur du conflit sino-américain pour en comprendre les enjeux.

Didi Chuxing, un leader du service VTC en Chine 

Deux ans après sa création en 2015, Didi Chuxing affirme contrôler 90 % du marché du VTC en Chine. Cette réussite est due à une compréhension parfaite du marché chinois, mais aussi à des partenariats efficaces.

Un symbole de réussite à la chinoise

En 2012, Chen Xeng, fondateur de la marque, décide d’offrir à la Chine un service de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Le concept, déjà présent aux États-Unis à l’époque, ne tarde pas à séduire les habitants de l’Empire du Milieu : la Chine connaît un développement économique sans précédent depuis son ouverture au système capitaliste, les entreprises fleurissent et les grandes villes ultra-dynamiques sont en perpétuel mouvement.

Les habitants lambda, mais surtout les entrepreneurs et autres hommes d’affaires doivent se déplacer à travers les rues bondées de Pékin, Shanghai ou Shenzhen. Le service VTC apparaît alors comme une évidence puisqu’il propose des tarifs bien plus abordables que les taxis. De plus, l’utilisation intuitive de l’application mobile permet de réserver une course beaucoup plus facilement qu’en appelant un taxi.

C’est de cette manière que Didi Chuxing a réussi à assoir son monopole sur les services VTC en Chine. Enfin, la société lance en février 2018 sa plateforme de partage de voitures électriques. Didi Chuxing est bien décidée à accompagner son pays dans le développement des technologies en proposant des services toujours plus novateurs.

Une fusion qui a porté ses fruits

Didi Chuxing est née de la fusion entre deux géants chinois du transport : Didi Dache et Kuaidi Dache. Ces dernières, soutenues par les deux monstres du Web chinois Tencent et Ali Baba, régnaient en maîtres sur le marché du VTC en Chine. 

La fusion de ces deux entités a permis à l’application de lever plus de 5 milliards de dollars en 2017 pour devenir la start-up la plus valorisée d’Asie. En réunissant deux des plus grands acteurs du VTC en Chine, Didi Chuxing réussit un véritable tour de force qui lui permet de prendre le monopole d’un marché ultra-fleurissant et voué à un avenir prospère.

À la conquête du marché international

Didi Chuxing a réussi à conquérir l’énorme marché chinois, mais ne compte pas s’arrêter là. C’est pour cela qu’en 2017, la société conclut un accord avec l’estonien Taxify en rachetant une partie de son capital. Implantée en Europe et en Afrique dans une moindre mesure, la société est une référence dans le milieu du transport. Grâce à elle, Didi Chuxing met un pied dans le marché européen et africain.

Sur son propre continent, Didi Chuxing met aussi en place une politique d’expansion : elle investit dans un premier temps dans l’entreprise indienne de réservation de taxis Ola (en 2015), pour ensuite nouer un partenariat avec SoftBank Group et développer des services de réservation de Taxi au Japon. Le marché asiatique est celui qui compte le plus de consommateurs au monde et Didi Chuxing compte bien y prendre sa part.

Didi Chuxing investit aussi dans le marché américain, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs. La société commence par prendre des parts dans Lyft (principale concurrente d’Uber aux États-Unis). Elle cherche ensuite à développer sa recherche sur l’intelligence artificielle dans la Silicon Valley pour développer ses propres voitures autonomes. Enfin, Didi Chuxing s’attaque au gigantesque marché brésilien en investissant 100 millions de dollars dans l’entreprise de VTC 99.

Une progression en perte de vitesse

Au moment où Didi Chuxing commence à se développer à l’international, l’état chinois est contraint de contrôler ses licornes et autres start-up. Le conflit -à peine- masqué entre Pékin et Washington pèse de plus en plus sur l’économie des deux pays, au grand dam de leurs entreprises respectives.

La Chine : une menace pour les États-Unis

La Chine connaît, depuis quelques années, un boom économique sans précédent. Le gouvernement, intéressé par l’incroyable manne financière générée par le digital, a mis en place différentes mesures visant à créer un environnement fiscal favorable à la création d’entreprises. Grâce à ces dispositions, devenir une licorne en Chine ne prend que quatre ans en moyenne en Chine. À titre de comparaison, il faut sept ans à une société pour devenir licorne aux États-Unis.

De plus, la Chine est le deuxième pourvoyeur de licornes au monde : 29 % des licornes mondiales sont chinoises. Même si les États-Unis restent les premiers de la liste avec 50 % des licornes provenant de leur pays, la Chine s’approche petit à petit de son concurrent et risque bien de les rattraper un jour ou l’autre. Enfin, les start-ups chinoises représentent 41 % de la capitalisation mondiale des licornes contre 46 % pour les États-Unis. L’écart se ressert donc entre les deux géants, ce qui a pour conséquence d’accroître les tensions.

La population chinoise a adopté les nouvelles technologies à une vitesse folle, jusqu’à devenir l’un des peuples les plus connectés du monde. Le marché présente un énorme potentiel, pour le plus grand plaisir des investisseurs.

Une entrée en Bourse contestée

En 2014, le géant chinois Ali Baba réalisait la plus grosse entrée en bourse de tous les temps en levant 25 milliards de dollars. Quelques années plus tard (2020), c’est au tour de Didi Chuxing de s’introduire à Wall Street avec une levée de quelque 4,4 milliards de dollars. Toutefois, de l’eau a coulé sous les ponts et la rivalité entre la Chine et les États-Unis a eu raison de la start-up chinoise qui quitte la bourse américaine seulement cinq mois après son introduction.

Avec sa nouvelle place boursière basée à Pékin, la Chine incite désormais ses pépites à rester au pays. Le gouvernement, qui craint une fuite de données sensibles au pays de l’Oncle Sam, met tout en place pour convaincre les stars de la technologie chinoise de chercher des financements dans les différentes bourses chinoises (Pékin, Shanghai, Hong-Kong et Shenzhen). 

Pour forcer le géant du VTC à revenir en Chine, les dirigeants avaient ouvert une enquête administrative contre Didi Chuxing visant à contrôler sa collecte de données privées. Le gouvernement chinois est même allé jusqu’à interdire le téléchargement de son application dans tout le pays. Les utilisateurs ayant téléchargé l’application au préalable n’étaient cependant pas touchés par la mesure.

Une entrée à la bourse d’Hong-Kong plus que jamais envisagée

Pour pouvoir bénéficier de financements, Didi Chuxing a commencé les “travaux préparatoires pour une cotation à Hong-Kong”, comme ils l’annonçaient dans un bref communiqué peu après leur retrait de la bourse de New-York. 

Selon la spécialiste du droit chinois à l’Université d’Hong-Kong, Angela Zhang, cette décision n’est pas surprenante. De plus, la sanction stricte opérée par Pékin à l’encontre de Didi Chuxing devrait servir d’exemple pour les sociétés chinoises potentiellement intéressées par une entrée en Bourse à New-York : “Désormais, toutes les entreprises technologiques chinoises vont prendre au sérieux les questions de sécurité autour des données”, affirme la spécialiste.

En plus des restrictions mises en place par Pékin, les États-Unis ont, eux aussi, pris des mesures visant à contrôler l’entrée en bourse des entreprises étrangères. La SEC (autorité de régulation des marchés financiers) a maintenant le droit de sortir de la cote les sociétés qui ne feraient pas auditer leurs comptes par une société agréée. Les entreprises chinoises sont habituées à ne pas respecter ce genre de procédure et la mesure risque donc de calmer les envies d’introduction en bourse de ces dernières.

Didi Chuxing : informations clés 

Nombre de salariés à ce jour

En 2020, l’entreprise de VTC Didi Chuxing comptait 13 000 employés.

Le chiffre d’affaires

En 2020, Didi Chuxing réalisait un chiffre d’affaires de 21,6 milliards de dollars.

Entrée en Bourse

Didi Chuxing réalisait une entrée à la bourse de New-York en 2020. Toutefois, les rivalités entre Pékin et Washington ont poussé l’entreprise à quitter Wall Street 5 mois seulement après son introduction.

Objectifs business et stratégiques

Didi Chuxing a pour objectif d’étendre ses activités en Afrique, en Asie, en Europe et sur le continent américain. De plus, après sa sortie de la bourse new-yorkaise, Didi Chuxing prépare son entrée à la bourse d’Hong-Kong.

Scalabilité

Malgré une ascension fulgurante, Didi Chuxing est en perte de vitesse et son avenir est incertain. Les restrictions mises en place par le gouvernement chinois et sa sortie forcée de Wall Street l’ont forcé à revoir ses plans.

Mantra/Citation CEO

More than a journey, the World’s leading transportation platform. (plus qu’un voyage, le leader mondial des applications de transport).

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