Dans le monde de la fintech, la licorne Wave mérite bien son nom, même si les superlatifs lui collent sans doute mieux à la peau. Ce n’est en effet pas une simple vague qu’elle a créée dans l’univers du transfert d’argent, mais une véritable lame de fond. 

Comment est née cette start-up, avec quelle idée de départ et pourquoi a-t-elle remporté un si vif succès, sachant qu’elle n’entend pas se reposer sur ses lauriers : c’est l’histoire que nous vous racontons aujourd’hui. 

L’idée qui a tout changé 

Les paiements mobiles existent en Afrique et pour cause : plus de la moitié de la population africaine ne possède pas de compte bancaire et c’est pour les personnes une des seules solutions pour effectuer des transferts d’argent ou en recevoir. 

Trois opérateurs (Orange, MTN et Moov) avaient jusqu’à il y a quelques années le monopole dans ce domaine. Un monopole qui leur permettait d’engranger d’importants bénéfices puisqu’à chaque transaction, ils récupéraient entre 3 et 10%. 

Deux américains, Drew Durbin et Lincoln Quirk, des amis d’université ont une passion commune pour le développement de produits simples ayant un fort impact social. 

Ils ont eu l’idée de créer une start-up dans le domaine du mobile money, il y a une dizaine d’années avec des tarifs moins exorbitants. Permettant les transferts d’argent de l’Amérique du Nord et de l’Europe vers l’Afrique de l’Est (Tanzanie, Rwanda, Kenwa), les deux associés comprennent qu’il y a plus à accomplir. 

Le marché africain est intéressant car il est possible de rivaliser et surtout, l’Afrique est une terre de start-up. On peut même parler d’écosystème bouillonnant, notamment dans le domaine des fintechs. 

L’objectif de Wave, sur le territoire africain, est de permettre à terme, avec la diversification des produits, de sortir la population de la pauvreté en mettant à leur disposition des outils d’épargne, par exemple. Pour cela, il faut créer un réseau financier inclusif mais qui puisse être appréhendé par tous, même si la situation financière est précaire. 

L’idée est d’abord de cibler les personnes dans les zones rurales qui paient le plus souvent en cash. Cela crée (toujours sans jeu de mot) un vrai raz-de-marée, à tel point que la conquête des centres urbains semble inéluctable pour reproduire le même succès.

 En très peu de temps, la moitié de la population sénégalaise adulte a déjà adopté ce nouvel opérateur qui casse les prix. 

Le développement et la consécration de Wave

Après avoir conquis le Sénégal, en 2018, c’est désormais la Côte d’Ivoire (en 2021) qui est submergée par la vague bleue. 

Les concurrents d’abord sceptiques n’ont d’abord rien changé à leurs pratiques en termes de tarification, même s’ils ont fait différentes actions promotionnelles, dans le but de continuer à fidéliser leur clientèle. Mais ils ont rapidement déchanté : comment lutter contre des prix si bas, sans baisser les leurs ? 

 Ils pouvaient en effet être inquiets, car l’offre est forcément plus attractive pour les utilisateurs : un taux fixe de 1% pour les transferts nationaux et la gratuité quand il s’agit de déposer ou de retirer de l’argent. 

Au vu de cette désertion de la part de leurs clients, ces trois opérateurs n’ont plus la dragée haute et ont dû s’aligner, pour rester compétitifs. La baisse des tarifs alors avoisine les 80%. Du jamais vu. 

Wave souhaite établir des partenariats, mais les autres opérateurs ne sont pas d’accord, notamment Orange. Qu’à cela ne tienne, la start-up communique sur ses difficultés et n’hésite pas à recourir à des moyens légaux pour obtenir gain de cause, comme après avoir saisi l’autorité de régulation des télécommunications qui leur donne raison : l’entité va pouvoir distribuer du crédit téléphonique de son concurrent sur sa plateforme. 

Les boutiques qui proposent les services des autres opérateurs se désolent quant à eux de ce très rapide succès car il leur faut afficher rapidement les emblèmes de Wave (la couleur bleue et un sympathique pingouin) pour que les clients ne passent plus leur chemin. Or, l’entreprise, du fait d’une très forte demande, est vite saturée et prend du retard pour livrer. 

En septembre 2021, en raison de son développement fulgurant sur le territoire africain, Wave obtient une levée de fonds exceptionnelle de 200 millions de dollars, après d’autres levées moins importantes tout au long du parcours de 13.8 millions. Elle est alors valorisée à plus d’1.7 milliards de dollars ce qui fait d’elle une licorne, ayant été créée il y a moins de 10 ans. Elle répond à tous les critères. 

Pour l’Afrique ce succès est double car c’est la première fois que cela arrive dans le milieu francophone du continent. 

Wave : informations clés 

Date de création de Wave

Si le succès en Afrique est assez récent (2018), l’entreprise Wave existe depuis 2011, pour un enregistrement à Dakar 5 ans plus tard. 

Nombre de salariés à ce jour 

Rien qu’au niveau du Sénégal, Wave comptait plus de 2 000 agents en 2020 et comptait multiplier ce chiffre par 4 en moins d’un an. Un million d’utilisateurs sont passés à Wave dans le pays. 

Chiffre d’affaires en 2022 

Comme l’entité n’est pas entrée en bourse, elle n’est pas tenue de communiquer ses chiffres, mais on sait que pour l’année 2020, le chiffre d’affaires étant de plus de 6 millions d’euros, soit une hausse entre 2019 et 2020 de plus de 71%. 

Une possible entrée en bourse ? 

Pour l’instant, Wave conserve intact son statut de licorne et ne communique pas sur son ambition d’être cotée en bourse. A suivre. 

Les objectifs de développement de Wave

Le Sénégal, la Côte d’Ivoire ne sont assurément que la partie émergée de l’iceberg pour Wave qui entend certainement étendre son monopole sur tous les autres pays d’Afrique, à commencer par le Mali ou encore l’Ouganda. L’entité entend, par sa manière de fonctionner, lutter contre la cherté de la vie ; ce que l’autorité de régulation des télécoms souligne et encourage fin 2021. 

Même si certains distributeurs s’inquiètent de cette baisse de prix, qui les impacte directement, comme cela peut être aussi le cas pour les commerçants qui se spécialisent dans la monnaie électronique, Wave se veut rassurante. 

Elle compte sur l’augmentation du volume pour que chaque partie prenante trouve satisfaction dans l’implantation massive de la structure en Afrique. 

Wave n’entend pas limiter ses actions à son développement en Afrique, mais espère faire émerger un marché qui est pour l’instant inexistant : les transferts frontaliers avec l’Uemoa. 

La start-up espère aussi utiliser les données qu’elle possède sur ses désormais nombreux clients, pour connaître leur comportement financier.

 Il sera alors possible d’adapter l’offre aux besoins, comme le fait, pourquoi pas, de proposer du crédit digital. Bien sûr, pour cela, il faudrait avoir un agrément bancaire, mais cette démarche ne semble pas effrayer Wave qui a su prouver au fil des années qu’elle faisait fi des obstacles. 

Scalabilité 

Casser les prix pour attirer plus de clients est assurément une tactique qui fonctionne même si elle n’est pas forcément innovante. Wave aurait pu faire le pari de miser sur les gros montants de transactions, puisqu’elle demande 1% à chaque fois. Mais elle préfère le nombre de transactions effectuées par le biais de la plateforme, ce qui se révèle apparemment un excellent choix. 

Une fois que les parts de marché sont acquis sur les territoires où elle s’implante, la start-up se diversifie, forte de son pouvoir acquis. 

La maxime ou citation la plus marquante de la start-up

Avec Wave, c’est sans doute plus la couleur qui marque les esprits, ainsi que le personnage grâce auquel l’entité s’est fait connaître du grand public : le pingouin.

 Le bleu est omniprésent, représentant la mer, bien entendu et donc les vagues ; traduction du nom de cette licorne. 

Mais on peut aussi trouver le slogan de Wave éloquent, même s’il se trouve en bas de page, sur leur site web : « prêt à changer le monde ? ». Tout un programme…assurément déjà en marche. 

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